Qui n’a jamais entendu d’histoire terrifiante sur la bourse ? Des gens qui se sont entièrement ruinés et finissent à la rue. Des traders qui sautent par la fenêtre pendant une crise majeure. Ou plus récemment des étudiants américains qui se suicident à cause d’applications de trading.
Bien que très rare, ce sont effectivement des situations qui peuvent arriver. Donc oui, on peut bien perdre plus d’argent que notre investissement initial. Mais rassurez-vous, c’est très facilement évitable.
Pertes maximales et investissement classique
Pour bien comprendre pourquoi il est possible de perdre beaucoup, il faut commencer par comprendre le risque maximal de l’investissement en action. Souvenez-vous, les actions sont une part du capital de l’entreprise. De ce fait, si la capitalisation de l’entreprise tombe à zéro (en cas de faillite), votre action devient une partie de zéro. Et une partie de zéro, et bien ça fait zéro.
De ce fait, la perte maximal est limité au nombre d’actions que vous avez achetés. Et comme les actions se payent au comptant, vous ne pouvez pas perdre plus d’argent que le capital investit.
Ainsi, avec l’achat classique d’action, votre perte maximale est limité à votre capital. Ce qui est déjà pas mal en vérité.
Bourse et effet de levier : speedrun vers la pauvreté
Et si on pouvait gagner plus ?
Et là vous vous dites : « Ok, le gars nous fait toute une intro sur le fait qu’on peut perdre plus que le capital investi et puis nous dit que finalement le risque de perte est limité ». Patience, j’y viens
Nous avons vu que les pertes étaient limités au nombre d’actions achetées. C’est très bien, mais en contrepartie, les gains sont aussi limités aux nombres d’actions achetées. Or, il y a toujours un petit malin qui sort la fameuse idée :
J’ai un super tuyau sur une action mais j’ai un capital limité. Si j’allais emprunter à la banque et que j’achetais plein d’actions. Je pourrais gagner beaucoup d’argent en très peu de temps. HAHAHA je vais devenir riche (Beaucoup de gens ont déjà eu cette idée, ne mentez pas.)
Petit malin
Et là certains d’entre vous se disent : « attends, déjà qu’avoir un emprunt pour de l’immobilier, qui est pourtant un investissement relativement stable, nécessite de mettre en gage ses deux reins. Pourquoi un banquier sain d’esprit donnerait son aval pour un plan aussi bancal ? »
Et vous avez raison, aucune banque (sérieuse du moins) ne vous financera pour ce genre de chose.
Mais l’industrie financière est beaucoup flexible que le système bancaire. Et ils aiment donner à leurs clients des « opportunités ». C’est pourquoi ils ont inventé ce que l’on appelle les « produits à effet de levier »
Les produits à effet de levier, qui sont-ils ?
Globalement, qu’est-ce que l’effet de levier ? Et bien c’est un emprunt spontané que vous faites à votre broker pour pouvoir investir plus que ce que votre capital permet.
Comment ça fonctionne ? Et bien c’est très simple, vous passez avec votre broker un contrat en échange d’un produit financier dérivé (c’est à dire qu’il n’a pas d’existence propre, il réplique juste le cours d’un produit sous-jacent). Ces produits peuvent prendre divers formes, ce peut être par exemple des CFD qui sont très populaire en Europe ou bien des Options, préférées par les américains.
Comme ces produits n’ont pas d’existences « physique » a proprement parler, leurs transactions n’existent qu’entre le broker et son client (enfin pas tout à fait mais c’est pour simplifier). C’est pourquoi, le broker peut décider de vous vendre des actions alors que vous n’avez pas assez d’argent pour cela. Le broker va vous « prêter » le reste de l’argent nécessaire en échange d’une petite compensation financière (le même principe que les intérêts d’un prêt classique).
Vous voilà donc avec deux fois plus d’actions en poche. Ce qui signifie que si jamais vous gagnez de l’argent vous gagnez deux fois plus. On appelle ça un levier 2 car vous avez théoriquement multiplié votre capital par 2 grâce au prêt de votre broker.
Pour calculer l’effet de levier, il faut simplement diviser le montant investit par les capitaux propres. Ainsi, si vous investissez pour 1000 euros mais que vous n’avez que 500 euros, vous êtes en levier 2 (1000/500 = 2). Mais vous pouvez aller au delà. Si jamais vous investissez 1500 euros pour 500 euros de capital vous êtes en levier 3 etc.
Reprenons l’exemple de petit malin :
Comment fonctionne l’effet de levier ?
From the pinacle
Petit malin souhaite acheter l’action X qui coute 25 000 euros (c’est cher mais c’est pour l’exemple). Ça tombe bien, il a d’ailleurs 25 000 euros de cash. Seulement il se dit : « c’est trop bête, je suis persuadé que cette action vaut de l’or. si seulement j’avais assez d’argent pour en acheter plus ».
Et c’est là que son broker lui propose une solution : il va lui prêter les 25 000 manquants qui pourront être remboursés quand petit main aura revendu ses deux actions. Il sera donc « simplement » en levier 2.
Au début tout se passe bien, l’action passe de 25 000 à 26 000 euros. Petit malin se dit qu’il a bien fait de prendre un effet de levier. Car au lieu de ne gagner que 1000 euros avec une seule action, il en gagne 2000 (1000 euros par action x 2 actions). Il a donc multiplié son gain par deux grâce à l’effet de levier (il l’aurait multiplié par trois s’il était en levier 3 etc).
Malheureusement, petit malin a fait l’erreur classique de confondre gains et plus-value latente. Pensant qu’elles allaient aller encore plus haut, il n’a pas revendu ses actions et le cours a fini par s’effondrer.
To the pit
En effet, le super tuyau était très mauvais (comme souvent) et la compagnie était beaucoup trop sur-évalué (en même temps, 25 000 euros l’action ça aurait dû l’alerter 🙂 )
Le cours de l’action chute et tombe à 12 500, soit un chute de 50%. Or, 50% c’est la chute de l’action, le portefeuille de petit malin lui a chuté de 50% multiplié par 2. C’est à dire que malgré le fait que l’action n’a perdu que la moitié de sa valeur, petit malin a perdu 100% de son portefeuille.
C’est terrible n’est-ce pas ? Et bien ça peut être encore pire. Car -50% ce n’est pas le maximum. Non, pourquoi une action s’arrêterait en si bon chemin ?
En réalité, l’action était vraiment pourrie et l’entreprise fait faillite. L’action tombe à 0 et tous les actionnaires repartent en ayant perdu 100% de leur mise. Tous ? non, il y en a un qui a perdu bien plus. C’est notre ami petit malin. Car, lui, il a perdu 50 000 euros alors qu’il n’en avait que 25 000. Il doit toujours rembourser les 25 000 euros a son broker, sauf qu’il ne les a pas. Et voilà, petit malin est ruiné car il a fait n’importe quoi avec l’effet de levier. Je vous laisse imaginer le montant de sa dette s’il avait pris un levier encore plus grand.
Faut-il utiliser des produits à effet de levier ?
À l’époque où j’ai commencé la bourse, les brokers proposaient des leviers complètement délirants, pouvant aller jusqu’à 400 pour des particuliers ! Déjà qu’un levier 3 est considéré comme très élevé, imaginez ce que représente un levier 400.
Heureusement, depuis, l’AMF a sifflé la fin de la récré et a limité à 5 l’effet de levier que l’on peut proposer à un particulier (ce qui est déjà pas mal). Seulement, imaginez seulement les dégâts qui ont pu être fait entre temps. Certains brokers ayant des stratégies marketings extrêmement agressives pour attirer des débutants complets et leur vendre des produits complètement hors de leur portée.
Qu’on soit clair, je n’ai rien contre l’effet de levier en soi, bien utilisés, ils peuvent être des outils intéressants pour toutes sorte de stratégies. Seulement, si vous souhaitez en utiliser, ils faut que vous soyez conscient des risques qu’ils représente.
Renseignez-vous bien sur leur fonctionnement avant de vous engager car il va falloir gérer le risque avec précision. Et surtout, ne prenez pas de levier 400 😉